vendredi 12 avril 2013

La honte

Plus faux-cul, tu meurs !
Ce matin les actus font état d'une journée de manif des agriculteurs sous la houlette de la FNSEA et des Jeunes Agriculteurs. Quel mot d'ordre ? Le sauvetage de l'élevage, lait en particulier !!!
Il faut être assis pour écouter ça sans tomber à la renverse d'indignation, de colère et de honte.
Arroseur arrosé ou pompier pyromane au choix, mais plutôt escroquerie intellectuelle qu'une telle éclosion revendicative.
Le syndicalisme agricole dominant avec la FNSEA et les JA n'est pas à droite, il est dans le fossé. Et ses dirigeants sont les plus beaux spécimens de l'agri-business, des grandes cultures, des spéculateurs de haut vol qui vendent sur les marchés les récoltes qu'ils ne sèmeront que dans un ou deux ans... non pas pour faire pousser le blé qui nourrit la planète, mais pour alimenter les placements, si possible défiscalisés à l'aide des experts de la banque.
Ce sont les industriels de cette agriculture du profit financier qui s’inquiéteraient du sort malheureux de leurs congénères éleveurs étranglés par la flambée des cours des aliments nécessaires à leur bêtes... Autant demander au bourreau de Louis XVI de prodiguer au roi qu'il vient de raccourcir le massage cardiaque qui va le vider un peu plus vite du reste de son sang.
Qu'ont-ils donc dans la cervelle, les petits paysans qui déversaient ce matin le fumier ou les stocks de caddies devant les préfectures ? N'ont-ils pas encore compris qu'ils étaient les pauvres marionnettes de leurs faiseurs de misère.

Bien sûr que les pouvoirs publics, depuis des décennies et gauche molle ou droite dure confondues, ont activement participé à la ruine de la puissance agricole de la France avec l'Europe, et ceci à grands frais !
Bien sûr que les rapaces de la distributions sont féroces pour les producteurs...
Bien sûr que les consommateurs, faute de revenus aussi suffisants que décents, vont au meilleur marché sans trop se préoccuper de l'origine et de la nature des produits alimentaires...
Mais quand va-t-on enfin comprendre ce que des métayers bourbonnais du début du siècle dernier avaient compris en fondant les premiers vrais syndicats paysans, les prémices de la vraie coopération et les systèmes d'entraide qui ont ensuite fait leurs preuves ? 
Ce que les agriculteurs d'aujourd'hui ne peuvent plus comprendre, heureusement à l'abris des frimas dans leurs cabines climatisées mais très directement exposés au décervelage de la radio embarquée, qui se croient d'autant plus grands entrepreneurs qu'ils sont riches de leurs dettes, désormais plus convaincus des bienfaits de la concurrence et de la compétition que du travailler ensemble, c'est qu'ils creusent leur propre tombe en moutons de Panurge de la FNSEA de la même façon qu'ils s'y emploient en petits apprentis sorciers quand ils démolissent l'héritage syndical progressiste historique en Allier sous la houlette de quelques "professionnels" en mal de notoriété.
Quant aux esprits brillants qui proposent l'installation des unités de méthanisation comme solution économique... sont-ils prêts à prendre un bol de café au méthane à leur petit déjeuner en y trempant une tartine de résidus de la méthanisation dès que le lait sera devenu le sous-produit de la production de gaz ?
A l'étape précédente on nous avait vanté les soit-disant "bio-carburants" -désormais devenus "agro-carburants"- et bientôt rangés au rayon des fausses bonnes idées.
L'agriculture française, européenne et mondiale est aussi vermoule par les parasites du profit capitaliste que l'industrie que les maîtres de la finance mondiale font naître là-bas à bon compte au prix des sacrifices d'ici.
Pression foncière, mise aux normes, conduite des productions et maîtrise de l'aval... 
En agriculture comme dans tous les autres champs de l'activité économique, c'est d'une véritable révolution citoyenne que le monde a besoin avec en premier lieu une REAPPROPRIATION des moyens de production et la CONQUETE d'une maîtrise collective des trois temps de l'activité sous le signe de la coopération :

  • structures, infrastructures et intrants
  • production et gestion de la ressource
  • filières de la transformation et de la distribution
Je ne suis pas convaincu que les manifestants d'aujourd'hui soient sur cette longueur d'onde.
Normal, c'est leur métier et je n'y connais rien ! et peut-être "complètement dépassé" comme disait l'autre zélu à propos de mon camarade Jean-Claude, paysan syndicaliste digne de ce nom, lui.

Pour mémoire, avant de consulter les cours du blé  vous pouvez relire ce qu'Ernest MONTUSES écrivait aux paysans en 1927 juste avant de mourir... Publication sur le site des Amis d'Ernest MONTUSES...

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